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Laurent Nogatchewsky |

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Newsletter Décembre 2024 |
Bonjour à toutes et à tous,
Il y a donc dix ans, jour pour jour, je dévoilais le projet du piano dans la rue, et ce à travers cette newsletter à laquelle vous êtes désormais habitués. Oui, dix ans déjà ! Le temps passe, dit-on souvent dans ces cas-là… Comme vous pourrez le lire plus bas, dans le mail retrouvé du 21 décembre 2014, vous constaterez peut-être que je suis assez concis, et que l’annonce semble presque manquer un peu d’enthousiasme. A vrai dire, je crois surtout que je ne savais absolument pas où cette initiative allait me mener. La seule chose certaine alors, c’était que, six mois auparavant, au début de l’été 2014, il m’était effectivement venu l’idée, assez saugrenue, d’aller poser un piano dans les rues de ma ville et jouer pour les passants. Le but de ma démarche était avant tout de partager ma passion pour la musique classique avec le plus grand nombre, mais également de pouvoir jouer très régulièrement en public afin de travailler peu à peu mon trac, particulièrement handicapant. Sans que ce soit conscient à l’époque, je me rends compte aujourd’hui que j’ai présenté cette toute nouvelle aventure artistique lors de mon mail du solstice d’hiver, date symbolique s’il en est, puisque c’est à partir de ce moment-là que les jours commencent à rallonger, et que la lumière reprend petit à petit le dessus sur l’obscurité… Une belle image pour une aventure qui a littéralement changé ma vie. |
Je me souviens approximativement de ce début d’été où l’idée d’aller jouer dans la rue a germé et fait doucement son chemin, alors même que la concrétisation réelle me paraissait encore assez improbable. J’avais malgré tout passé l’été entier à apprendre par cœur, à l’aide de partitions en braille, un certain nombre de morceaux plutôt connus de la musique classique, afin d’avoir un début de répertoire à proposer.
Puis, avant de me lancer véritablement dans la faisabilité du projet, j’avais quand même estimé plus prudent de m’assurer que j’étais en mesure de jouer dans ces conditions peu ordinaires. Trois ou quatre fois, je me suis donc rendu à la gare de Toulouse, et j’ai interprété quelques morceaux sur le piano mis à disposition, avec le bruit environnant et les passants, curieux ou indifférents. Heureusement, mes premières tentatives furent plutôt concluantes.
Enfin, vint le moment d’imaginer la logistique permettant de sortir dans la rue un véritable piano droit, avec le plus de simplicité possible, car il était évident pour moi qu’il fallait un instrument acoustique, et non électrique, pour donner une vraie authenticité à la démarche. L’entreprise était loin d’être simple sur le papier, mais grâce à de judicieuses idées, quelques économies et beaucoup de persévérance, les choses ont fini par se concrétiser. |
Photo prise lors de la toute première sortie du piano dans la rue, le 22 décembre 2014 : |
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Mail du 21 décembre 2014 qui dévoilait ce nouveau projet artistique : |
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Bonjour à toutes et à tous,
Pour ce dernier mail de l'année, je souhaite vous faire part d'un projet qui se met peu à peu en place.
Avec un piano spécialement préparé pour l'occasion, je vais aller jouer dans les rues de Toulouse, une à trois fois par semaine, l'après-midi, et quand le temps le permettra bien sûr.
J’interpréterai des morceaux plutôt connus puisés dans le répertoire de musique classique, durant une ou deux heures, sauf si les forces de l'ordre me demandent d'écourter...
Demain, j'effectuerai ma première sortie, et je remercie par avance mes accompagnateurs sans qui je ne pourrais pas proposer ces petits moments musicaux.
Si par hasard vous allez faire vos derniers achats de Noël demain après-midi, dans un périmètre situé entre la place du Capitole, l'ancien square Charles de Gaulle, la rue Alsace-Lorraine et la place Salengro, vous entendrez peut-être quelques notes de piano !
N'hésitez pas à faire circuler ce mail parmi vos connaissances.
Je vous souhaite d'heureuses fêtes de fin d'année.
Laurent NOGATCHEWSKY |
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Vidéo inédite où j’interprète un morceau de Chopin au beau milieu de la rue Alsace-Lorraine : |
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De cette sortie inaugurale, s’en sont suivies des dizaines d’autres, puis quelques centaines au fil du temps. Ainsi, en l’espace de cinq ans, à raison de deux sorties par semaine (sauf quand la météo ne le permettait pas), et de trois concerts d’environ 1h donnés par sorties, nous avons, mon piano et moi, proposé sans doute un millier de moments musicaux, à Toulouse essentiellement, mais aussi à Biarritz, Arcachon, Bordeaux, Montpellier ou Aix-En-Provence.
Été comme hiver, pour une poignée d’auditeurs seulement ou pour une centaine parfois réunis autour de l’instrument, j’étais là, ravi de partager mon amour de la musique classique. Cinq ans durant lesquels je n’aurais rien épargné à mon fidèle piano : vent, froid, chaleur, prémices d’averses, fréquents transports sur des rues pavées, quelques rayures, quelques coups aussi, et parfois même la police municipale venue pour le faire taire.
Mon ultime concert aura été pour célébrer les cinq ans de cette formidable aventure, devant une salle comble, et sur un vrai piano de concert cette fois, loué pour l’occasion. Malgré la dystonie qui perturbait déjà sensiblement le jeu de ma main gauche, cette soirée du 31 janvier 2020 restera pour moi un moment inoubliable, de loin le plus beau cadeau pour mes 40 ans, fêtés juste quelques jours auparavant. |
Je tiens à remercier chaleureusement et du fond du cœur l’ensemble de celles et ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à élaborer ce projet, le faire vivre, et lui donner sa raison d’être. Je pense d’abord aux quelques connaissances, souvent devenues des amis, qui m’ont accompagné pour sortir le piano, le déplacer d’un lieu à un autre, et l’installer pour me permettre de jouer, sous leur regard d’autant plus précieux pour moi que je ne voyais rien de ce qui pouvait se passer autour de l’instrument. J’ai ensuite une pensée affectueuse pour toutes les belles rencontres que j’ai pu faire durant ces cinq ans, autant de personnes qui ont su voir le pianiste, et l’homme, avant le non-voyant que je suis. Puis je pense à ceux d’entre vous qui, touchés par ma démarche et mes interprétations, m’ont fait confiance pour assurer une prestation lors d’évènements divers et variés. Enfin, j’ai une pensée émue pour vous tous qui me suivez, la plupart depuis que vous m’avez croisé, à mon piano, au détour d’une rue. Vos applaudissements, vos quelques mots après un concert, et vos multiples commentaires laissés sur mon site Pianodyssée, toutes ces marques d’intérêt et de reconnaissance ont su apporter une dimension exceptionnelle à cette expérience, qui demeure à ce jour une des plus extraordinaires qui me fut donnée de vivre.
Bien cordialement,
Laurent NOGATCHEWSKY |
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