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Laurent Nogatchewsky |
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Newsletter Janvier 2024 |
Bonjour à toutes et à tous,
Pour débuter l’année avec un peu de poésie, je vous propose de découvrir aujourd’hui
quelques uns de mes poèmes qui, dans le courant de l’année 2023, ont fait l’objet d’une
publication ou bien ont été récompensés par un jury littéraire. J’espère que vous
apprécierez la lecture de ces textes, plutôt assez personnels pour la plupart.
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Souvenirs d’enfant
Pour l’enfant que j’étais, doux, timide et rêveur,
L’école eut bien longtemps l’aspect d’un lent calvaire.
Que la voix du savoir fût clémente ou sévère,
Le chapelet des cours me semblait sans saveur.
La rêverie alors, m’accordant sa faveur,
M’ouvrait un paradis que depuis je révère,
Et je courais me perdre en son palais de verre,
Fuyant la classe avec une calme ferveur.
Et dehors, souvent seul, je poursuivais sans trêve
Mes dessins fabuleux au bleu tableau du rêve,
A l’écart des chansons, rires, courses et cris.
Le songe prit mon âme et l’accapara toute ;
Pour les autres enfants j’eus l’air naïf sans doute,
Mais c’est ce qui m’a fait, ce qui fait que j’écris.
Premier Prix du Sonnet, Compagnie des écrivains du Tarn-et-Garonne, Montauban
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Singulier Astrologue
Je suis un astrologue aux doigts fins et perçants :
Les livres sont pareils à la voûte céleste ;
Je les approche, et là, juste en les caressant,
Il est peu de secrets dont ils ne se délestent.
Parmi ces firmaments figés dans le papier,
Dorment des archipels d’insolites étoiles ;
J’aime effleurer ces corps qui me sont familiers,
Et tisser un récit de ce qu’ils me dévoilent.
Ces astres en relief, frêles et mystérieux,
Seuls de subtils index parviennent à les lire ;
Et je n’ai nul besoin de me fier à mes yeux
Qui fixent l’âpre nuit dont jadis ils s’emplirent.
Chaque texte a l’éclat d’une constellation,
Et l’ébauche d’un monde habite leurs entrailles ;
Pour moi, toute lecture est une exploration
D’un ciel étincelant d’innombrables points braille.
Deuxième Prix Poésie néo-classique, Amitiés Littéraire du Val Orléanais, Orléans
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Voeu pieux
Je voudrais pouvoir dire avec de simples vers
Tout ce que j'aime au monde et l’élan qui m’anime,
Le plus grand des bonheurs comme le plus minime,
Et mon vertige au sein d’un si vaste univers.
Pouvoir dépeindre aussi mes sentiments divers,
Qui puissent résonner pour plus d’un anonyme,
Que le sort me soit doux, propice et magnanime,
Ou bien qu'il me présente épreuves et revers.
Dans le fleuve des jours, chanter de stance en stance
Tout ce qui fait pour moi le sel de l'existence :
Textures et saveurs, musiques et parfums ;
Pourtant je sens m’étreindre un obscur vague à l’âme,
Et s’affaiblir ma force au poids des ans défunts…
Puisse-t-il me rester encore un peu de flamme !
Diplôme d’honneur, Académie Octaède, Tours
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Cheminement nocturne
C’est un matin d’été gravé dans ma mémoire.
Sur un lit d’hôpital, mes yeux se sont ouverts,
Et plus rien : seulement une immensité noire,
Dont pas un brin de jour ne passait au travers.
Je sentais m’envahir une tristesse morne,
Un vague désespoir mêlé d’accablement :
Vivrai-je pour toujours dans cette nuit sans borne,
Contraint de tâtonner interminablement ?
J’allais avoir vingt ans, l’âge de tous les rêves,
Mais tout s’est obscurci soudain sur mon chemin ;
Je n’admirerai plus le soleil qui se lève,
La mer, un paysage, ou des lèvres carmin.
Pourtant je dus apprendre à percevoir le monde
En léguant à mes doigts le trône du regard,
En portant aux odeurs une attention profonde,
Et pour le moindre bruit avoir bien plus d’égards.
Puis mon refuge fut la musique et les livres,
Et je découvrais là mille éblouissements.
S’ouvrit à moi un monde ; et le vrai goût de vivre,
C’est ainsi que je ‘l’ai retrouvé, lentement.
Tant d’œuvres nous confient que malgré la souffrance,
Nos jours, même éprouvants, valent d’être vécus ;
Et les moments trop lourds, dépourvus d’espérance,
C’est grâce à la beauté que je les ai vaincus.
A mon tour j’ai saisi humblement une plume,
Et laisse au fil des vers mon cœur se dévoiler ;
Depuis, je sens en moi comme un feu qui s’allume,
Et cette nuit sans fin devient ciel étoilé.
Aujourd’hui me voici vulnérable sans doute,
Mais conscient que la vie nous est un don précieux.
Une aurore intérieure ensoleille ma route,
L’art me guidant bien plus sûrement que mes yeux.
Publication dans une Anthologie poétique ayant pour thème "Chemin"
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Un bien bref passage
A l’heure où le halo de l’aube les décore,
Certaines nuits, témoins d’un sensuel ballet,
Sèment en un corps nu que le plaisir comblait,
Les frais bourgeons de ceux qui ne sont pas encore.
Dans leur écrin de chair, des êtres vont éclore,
Puis ils découvriront le monde tel qu’il est,
Avec tout ce qu’il a de splendide et de laid ;
Ils connaîtront le temps et son mal indolore.
Baignent leurs jours de cris, de rires, de sanglots,
Aimant les bras ouverts, et rêvant les yeux clos,
Ils suivront leur chemin dans les monts du mystère.
Et bientôt, le cœur lourd de bonheurs révolus,
Leurs enfants confieront au ventre de la terre
Les rameaux desséchés de ceux qui ne sont plus.
Mot d’or, La Plume d’Or, Colmar
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Veillée lunaire
Sur la lune, un beau soir de mai,
Marchait un couple solitaire,
Tous deux muets face au mystère
Du vaste ciel qui les charmait.
Tout à coup, lassé de se taire,
L’amant, plus épris que jamais,
Promit à celle qu’il aimait :
« J’irai te décrocher la terre ! »
Diplôme d’honneur Poème court, Europoésie, Paris
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Les remises de prix de poésie, bien qu’elles soient plutôt confidentielles, sont toujours des moments
privilégiés pour découvrir de nouveaux textes, et rencontrer différents poètes contemporains, ayant déjà
publié un ou plusieurs recueils pour quelques uns d’entre eux. Je suis heureux d’avoir pu tisser des liens
avec certains, et honoré qu’ils apprécient mon écriture.
Bien cordialement,
Laurent NOGATCHEWSKY |
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